mardi 30 janvier 2007

Les théories des réseaux sociaux

Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont partouts. Avec aussi toutes sortes d'abus. Mais au fait, connaissez vous les théories sociologiques sur les réseaux sociaux ? Car avant leur déclinaison électronique, les réseaux sociaux sont avant tout un phénomène que les sociologues étudient depuis de longues années.
Je vous propose donc un petit rappel (ou une découverte) de ces fondements théoriques.

La première théorie est celle du petit monde de Stanley Milgram. Milgram est assez connu pour son expérience sur la soumission à l'autorité (reprise dans le film I... comme Icare), mais il a aussi fait une expérience pour illustrer l'idée des six degrés de séparation. En résumé, il a demandé à des personnes qui ne se connaissaient pas de se transmettre des documents en passant uniquement par leurs relations. Sa conclusion, c'est qu'il y a au maximum 6 relations entre deux personnes. Ceci a été revu un peu la hausse pour la généralisation au monde entier, mais c'est en tout cas un des arguments des réseaux sociaux sur internet (surtout d'ordre professionnel) : le monde entier est à votre portée, car le monde est petit.
Cependant, ce n'est pas la théorie la plus intéressante.
L'autre théorie est moins évidente mais pourtant beaucoup plus importante pour les Viadeo, LinkedIn, 6nergies et autres... C'est celle de la force des liens faibles développée par Mark Granovetter. Il considère qu'on peut classer les relations entre les individus en deux catégories :
  • les liens forts : la famille, les amis, les collègues proches...
  • les liens faibles : les relations de travail plus distantes, les voisins, tous les gens qu'on connaît sans avoir de relation régulière.
Jusque là, rien de bien révolutionnaire. Là où ça devient intéressant, c'est qu'il a observé par plusieurs expériences que les liens faibles sont les plus efficaces pour obtenir un emploi. Il explique cela par deux facteurs :
  • un facteur "culturel" : les liens faibles se sentent moins obligés de répondre à la requête de l'individu. Cela implique que ce qu'ils proposent est plus qualitatif.
  • un facteur "structurel" : les personnes liées par des liens forts ont généralement aussi des relations entre elles, ce qui crée une bulle, un vase clos. Cela restreint donc les chances d'obtenir des nouvelles informations, car il y moins d'ouverture vers l'exérieur. Au contraire, les liens faibles ont eux-mêmes leurs sphères de connaissances avec lesquelles il est moins probable que des connexions existent autrement.
Conclusion : il est important de soigner ses liens faibles.

Je vous épargne la théorie des trous structuraux (toute une étude autour de la phrase les amis de mes amis sont amis), ainsi que de nombreux ouvrages qui ont beaucoup moins d'impact sur les versions électroniques des réseaux sociaux.

Je trouve qu'en connaissant ces théories, on voit les choses sous un autre angle. Mais le plus frustrant, ça a été quand Alain Lefebvre (grâce à qui j'ai vraiment compris l'intérêt des réseux sociaux) m'a dit :
La théorie est très importante. Une fois que tu l'as comprise, mets la de côté, ça ne marche pas. Car la plupart des gens ne la connaissent pas ou ne la comprenne pas.
J'ai trouvé ça un petit peu rageant. Par son expérience avec 6nergies, il semble aussi que les gens n'invitent presque pas leur réseau réel dans les réseaux sociaux virtuels, mais se construisent un nouveau réseau, virtuel.
Quand j'aurai le temps, je crois que j'aimerais bien étudier cette e-sociologie, les relations et les interactions entre internautes avec un regard sociologique. Et un projet de plus...

PS : je viens de me rendre compte que Wikipédia a une page intéressante (et plus complète que ce billet) sur les réseaux sociaux.

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